lundi 7 juillet 2008

Des propos qui me touchent beaucoup...

Ingrid Betancourt : "Ma foi m'a sauvée"

L'ex-otage la plus célèbre du monde s'est rendue au Sacré-cœur de Montmartre ce dimanche 6 juillet pour remercier Jésus et la Vierge Marie de sa libération. Après sa prière, Ingrid Betancourt s'est confiée à Pèlerin pour dire comment sa foi s'est manifestée dans les moments les plus douloureux de sa captivité.


C’était dimanche 6 juillet, au soir, à l’issue de la messe de 22 heures
célébrée en la basilique du Sacré-Coeur qui domine
Paris
du haut de la butte Montmartre. Ingrid avait tenu
à faire ce pèlerinage avec ses proches : ses enfants Mélanie
et Lorenzo, sa mère Yolanda, sa sœur Astrid,
et quelques autres. Parce qu’elle voulait tenir une promesse faite durant
sa captivité : remercier d’abord et avant tout Jésus
et la Vierge Marie de lui avoir rendu sa liberté
.

C’est dans la chapelle située derrière le chœur de la basilique qu’elle et sa famille ont prié. Malgré l’heure tardive et
la fatigue, Ingrid a accepté de se confier
aux lecteurs de Pèlerin
, pendant plus d’une demi-heure.
Elle a dit la foi qui l’a soutenue dans l’épreuve,
son amour pour Jésus et Marie, ses lectures de la Bible
et de l’Evangile qui lui ont donné la force
de ne pas céder à la haine contre ses geôliers.

Votre premier geste de femme libre a été un signe
de croix, votre premier mot a été pour
remercier Dieu et
la Vierge Marie. Pourquoi avez-vous éprouvé ce
besoin ?


Alors que j’étais en captivité, j’avais pris la résolution,
lorsque le moment viendrait d’être libre,
de remercier en premier le Seigneur.
Pourquoi ? Parce que si je n’avais pas

eu le Seigneur à mes côtés, je ne pense pas que
j’aurais réussi à grandir dans la douleur.
Etre otage vous place dans une situation
de constante humiliation
. Vous êtes victime de
l’arbitraire complet, vous connaissez le plus vil
de l’âme humaine.

Face à cela, il y a deux chemins. Soit on se laisse enlaidir,
on devient aigre, hargneux, vindicatif, on laisse son cœur
se remplir de rancune. Soit on choisit l’autre chemin,
celui que Jésus nous a montré.
Il nous demande : «Béni ton ennemi».
A chaque fois que je lisais la Bible, je sentais que ces mots s’adressaient à moi, comme s’Il était en face de moi,
qu’Il savait ce qu’il fallait me dire.
Et cela m’arrivait droit au cœur.

Bien sûr, je reconnais que lorsque l’ennemi est atroce,
c’est difficile d’être fidèle à cette parole.
Pourtant, dès que je faisais l’exercice de prononcer
«Béni ton ennemi» –
alors que j’avais envie de dire tout le contraire–
c’était magique, il y avait comme une espèce de… de soulagement.
Et l’horreur disparaissait, tout simplement.
Des choses comme celle-là, je pourrais vous
en raconter des jours durant.
Je sais, je sens, qu’il y a eu une transformation
en moi
et cette transformation, je la dois à ce contact,
à cette capacité d’écoute de ce que Dieu voulait pour moi.
Ce fut un dialogue constant avec Dieu à travers l’Evangile !

Cette foi qui vous a porté durant toutes ces années était-elle là dès le premier jour ? Y a-t-il eu un
événement spécial ?
Une pensée particulière qui vous a tournée
vers Dieu ?


Je vais vous raconter une histoire en deux temps, qui
me ferait presque rire tant je me souviens
parfaitement de ces épisodes. Au début de ma captivité,
je me suis dit : «Bon, tu vas passer des mois et des mois ici, alors autant lire la Bible», que je ne connaissais pas.
En l’ouvrant, je tombe sur les épîtres de saint Paul.
Je le cite de mémoire, c’est à peu près cela :
«Tu peux solliciter ce que tu veux,
de toute façon le Saint-Esprit sollicitera mieux
car il sait mieux que toi ce dont tu as besoin.»
Quand j’ai lu ça, je me suis écriée :
«Mon Dieu, c’est bien, mais ce que je veux,
moi je le sais, c’est être libre !
»
Six ans après, en relisant la même épître,
j’ai enfin compris : «Heureusement
que le Saint-Esprit est là pour prier pour moi,
car je suis incapable de demander ce qu’il faut.»
Voilà…

Et cette foi ne vous a pas quittée ?
N’avez-vous jamais ressenti des moments
d’abandon, de solitude ?


La première année, c’est vrai, j’étais en lutte contre Dieu.
Je lui en voulais terriblement de la mort de mon père.
Je lui disais :
«Pourquoi m’as-tu fait ça alors que tu sais que je t’adore ? Pourquoi me punis-tu ?»
Et puis j’ai compris qu’il fallait Le remercier de l’avoir pris,
car jamais papa n’aurait pu supporter
ces six années d’horreur.

Alors oui, je peux dire que ma foi a continuellement
grandi.

C’est curieux, mais c’était comme si des choses
se passaient pour que j’en comprenne d’autres.
Il faut que je vous raconte ma découverte de Marie.
Papa avait une grande dévotion pour la Vierge
alors que moi, je dois dire qu’à l’époque,
je trouvais Marie un petit peu… bébête.
Disons que ce n’était pas vraiment l’image
d’une femme qui me faisait rêver.

Et puis, en captivité, j'ai relu les Evangiles et
je suis tombée en admiration devant elle.
Sans doute parce que pour comprendre
la Vierge,
il faut avoir vécu, acquis une certaine
maturité
.
Et je commence à trouver vraiment sensationnelle
cette jeune fille qui accepte d’avoir un enfant
alors qu’elle avait un plan de vie totalement différent.
Elle court tous les risques. Pour beaucoup de chrétiens,
ce sont des choses bien connues, mais pour moi,
c’était une découverte. Je découvre une Marie forte,
une Marie intelligente, une Marie qui a de l’humour…

Je vais vous dire : je suis tombée,
comme disent les Canadiens, en amour
devant Marie en lisant l’évangile de saint Jean, lorsqu’il raconte
les noces de Cana
.
Je trouve ce dialogue entre Marie et Jésus extraordinaire.
Cette complicité entre eux, c’est génial.
Malgré toutes les raisons que Jésus oppose à sa mère,
elle sait déjà qu’il va faire ce qu’elle veut,
qu’il transformera l’eau en vin des noces par amour
pour elle.
En lisant ce passage, je ne pouvais pas m’empêcher
de penser à ma relation avec mon fils, Lorenzo.

Vous avez tenu à venir, ce soir, à la basilique
du Sacré-Cœur.
Quel sens donnez-vous à ce pèlerinage ?

Pendant près de sept ans, j’ai fait beaucoup de
promesses à la Vierge et je vais vous raconter
une chose d’une importance particulière pour moi.
Le 1er juin, j’écoutais Radio Catolica Mundial et
j’apprends que le mois de juin est celui où l’on célèbre
le Sacré-Cœur. Or, la dernière fois que j’ai vu mon père,
à la veille de mon enlèvement, nous étions assis
dans sa chambre, sous une image du Sacré-Cœur.
Papa m’a alors pris la main, a regardé l’image et a
demandé : « Sacré-Cœur, prends soin
de mon cœur, prends soin de mon enfant. »

Aussi, quand j’ai entendu parler du Sacré-Cœur à
la radio,

j’ai aussitôt tendu l’oreille.

Sur l’instant, je n’ai pas bien saisi l’histoire
de sainte Marguerite-Marie –en fait,
je viens juste

d’apprendre son nom. Mais j’ai compris que si,
comme elle, on se dévouait au Sacré-Cœur,
on recevait des bénédictions. Je me souviens
d’une bénédiction, en particulier, celle de Jésus
promettant de toucher les cœurs durs
qui nous font

souffrir.
Alors, j’ai fait cette prière :
« Mon Jésus, je ne t’ai jamais rien demandé
parce que tu es tellement grand que j’ai honte
de te solliciter. Mais là, je vais te demander
quelque chose de très concret.
Je ne sais pas ce que cela signifie exactement
“se consacrer au Sacré-Cœur”, mais
si tu m’annonces, au cours du mois de juin
qui est ton mois, la date à laquelle je vais être
libérée, je serai toute à toi.
»
Et le 27 juin, un commandant de la guérilla rentre
au campement et nous ordonne de préparer
nos affaires, car peut-être l’un d’entre nous va être libéré.
Quand il a parlé, j’ai pensé :
« Voilà ! Il est au rendez-vous. »
Ma libération s’est déroulée de manière très différente,
mais le fait est que Jésus a tenu parole : je vis un miracle.

Lire l'interview intégrale d'Ingrid Betancourt dans
Pèlerin n°6554,en kiosque dès le 10 juillet.
E
lle en dit plus sur les retrouvailles
avec ses proches, sur Marie et
sur la Bible qui lui ont permis
de supporter les souffrances de
sa détention, sur son témoignage de foi auprès des autres prisonniers.
Propos recueillis par Antoine d'Abbundo et Vincent Cabanac (Crédit photo : EFE/MAXPPP)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Très touchant en effet.

On continuera ce qu'on a commencé dès que j'ai un peu de temps ?

Bisous

Anonyme a dit…

oui!!!

Anonyme a dit…

Je suis bientôt en vacances, là, je suis surchargée.. Bisous